
David Jacobsen
Sur le domaine de Rheinau, nous exploitons 125 hectares de terres, dont environ 85 hectares de terres arables. Nous y produisons, toute l’année, une grande variété de légumes, soit près de 100 espèces et plusieurs centaines de variétés. Notre production repose sur une biodiversité riche et une fertilité des sols optimisée, ce qui nous permet de nous passer totalement de pesticides et d’engrais chimiques.
Notre activité agricole est principalement axée sur la production de semences biologiques : céréales variées, millet, sarrasin, lin et diverses légumineuses. Les semences sont cruciales pour assurer notre sécurité alimentaire, puisque quelques multinationales contrôlent presque entièrement ce marché. Leurs semences sont de plus en plus souvent des hybrides non reproductibles, ce qui empêche les agriculteurs de récolter et de replanter leurs propres graines, et ce, au détriment de notre autonomie alimentaire. C'est pourquoi nous considérons comme une avancée majeure le fait que l'Initiative «Pour une alimentation sûre » exige la promotion de semences naturelles et reproductibles.
Personnellement, cette question me touche directement, en tant qu’agriculteur, parce qu’elle concerne ma liberté de sélectionner, de reproduire et d’utiliser mes propres semences. Cela m’affranchit des vendeurs de semences et de produits phytosanitaires, tout comme des divers « conseillers » qui en dépendent. L’expertise que j’ai développée en lien étroit avec les particularités de mon terroir fait de moi un professionnel aguerri de la production alimentaire et des services écosystémiques.
Tous les jours, je partage mes connaissances en tant que co-directeur du domaine de Rheinau, qui emploie une trentaine de personnes à temps plein tout au long de l’année, dont quatre apprentis, ainsi que comme membre de la direction de l’École suisse de biodynamie. Cette expertise agricole locale est essentielle pour assurer une production alimentaire adaptée aux besoins de chaque région, ce qui renforce notre capacité à subvenir aux besoins nutritionnels de notre population nationale.
Cet équilibre repose également sur une juste répartition entre la production végétale et animale. C’est le principe défendu par l’Initiative pour une alimentation sûre, qui s’inscrit dans une démarche respectueuse de l’environnement et du climat.